Canal corridor écologique | Newsletter 11 | avril 2024
   
 
La nature en ville: retour de conférence et réflexions

Fin novembre 2023, Perspective.Brussels organisait une conférence sur 'la nature en ville’ en réflexion1. L’occasion de se pencher sur la place que l’on souhaite accorder à la nature dans des villes très denses et construites comme Bruxelles.

© Nature for Society future
Nature en ville ou ville-nature? La nature a-t-elle sa place en ville ou vaut-il mieux densifier les villes et moins les alentours? Et si elle a sa place, est-ce en tant qu’elle-même ou doit-elle être mise en œuvre au profit des citadins? Est-ce que densifier vers le haut est une solution pour libérer de l’espace pour la nature? Autant de questions qui font débat et qui, loin de trouver une réponse unanime, méritent tout de même réflexion, à l’heure où les impacts des dérèglements climatiques sont de plus en plus perceptibles, où l’effondrement du vivant n’est pas sur le point d’être enrayé et où plus de la moitié de la population mondiale habite en ville2.

De là une première réflexion: quelle est notre place dans la nature et, par-là, quelle est notre relation avec le vivant? Cette question, de prime abord philosophique, est pourtant essentielle pour considérer la place de la nature, en ville et ailleurs. Nous avons toujours évolué en contact étroit avec d’autres êtres vivants. Même si récemment, ce lien semble se perdre, nous restons cependant dépendants de ces interactions afin d’assurer notre propre survie. Mais comment comprendre et apprécier la nature et le reste du vivant si nous en sommes de plus en plus déconnectés?3

Une deuxième réflexion et, sans doute, préalable: qu’entend-on par ‘nature’? Est-ce que tout le monde a le même référentiel en tête? Perspective posait déjà la question dans son Focus Bruxelles est-elle une ville verte? mais est-ce que ‘verte’ peut être synonyme de ‘nature’? Et quel est le bilan pour la nature en ville lorsque d’un côté on aménage des friches à haut potentiel écologique, on abat des arbres âgés de plusieurs dizaines d’années, on comble toute anfractuosité dans le bâti, on bétonnise encore et malgré tout et que de l’autre, on replante de jeunes arbres, on installe des nichoirs ou autres abris pour la faune et la flore, on reperméabilise le sol ci et là, on dévoûte les voies d’eau à certains endroits,... ?

Difficile de dresser un bilan exact mais au-delà des chiffres, une troisième réflexion peut être soulevée: celle de l’interventionnisme sur la nature. Alors que l’on parle encore d’’aménager’ des espaces pour la nature et de ‘gérer’ l’environnement, avec souvent l’idée sous-jacente que nous savons mieux que la nature ce qui est bon pour elle, une tendance différente voit toutefois le jour, qui prône elle de ménager la nature, de s’en inspirer, d’ensauvager les villes et de reconnecter les populations urbaines à des formes de nature spontanée. Les ‘solutions fondées sur la nature’ s’avèrent d’ailleurs souvent moins couteuses et plus résilientes.

Le milieu urbain devient alors un potentiel énorme pour la nature et le vivant car il abrite des structures écologiques très diversifiées (espaces verts, bleus, minéralisés, végétalisés,...) et est très dynamique dans le temps et l’espace. Même les espaces bâtis, si certaines précautions sont prises, peuvent être accueillants pour un certain type de faune et de flore4.

© MaisonEcoHuis | https://maisonecohuis.be/?page_id=2852

Escaut sans Frontières, mars 2024


1 https://perspective.brussels/fr/actualites/la-nature-agit-lhomme-fait
2 https://www.banquemondiale.org/fr/topic/urbandevelopment/overview
3 Voyez à ce sujet les quatre ontologies de Descola. Dans: Par-delà nature et culture, Philippe Descola, 2005, Ed. Gallimard.
4 Voyez le Cahier Habitant Vivant sur https://ibsa.brussels/sites/default/files/publication/documents/Focus-56v5_FR_0.pdf


 

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